Bastien Duval
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Je photographie la campagne que j’habite, en baie d’Audierne dans le Finistère. Je photographie une vie rurale et côtière dans un territoire partagé entre les enjeux du littoral et ceux de la ruralité.
Dans ces paysages, lotissements, fermes et maisons secondaires se confondent et quelques centaines de mètres suffisent pour passer du bourg aux champs puis à l’océan. Alors que les dernières terres qui bordent le rivage continuent à être cultivées, les villages et les hameaux se désertifient noyés sous les logements vides. Il existe pourtant un quotidien routinier et banal au-delà des évidences estivales et des grandes tempêtes de l’hiver. Les vies se construisent autour des liens sociaux, du travail et des loisirs dans une forme d’intimité presque insulaire où les habitants se préservent doucement de la vitesse du monde extérieur.
Y vivre à l’année porte sa part d’identité et de revendication. C’est un choix, malgré les manques, pour les nouvelles générations qui ne peuvent plus suivre l’emballement des prix et la spéculation immobilière qui les empêchent de s’y ancrer pleinement à leur tour. Les habitants évoluent alors bercés entre la nostalgie d’un territoire passé et la résilience nécessaire pour continuer à l’habiter.
J’envisage ce récit à la frontière du documentaire et du récit personnel, recherchant les temps-morts et les espaces qui se proposent pour traduire l’arythmie d’un territoire morcelé entre celles et ceux qui le vivent à l’année et ceux qui le traversent. Je cherche à photographier avec justesse une campagne invisibilisée et essentialisée au-delà du prisme touristique et de l’attrait porté à son littoral.
Je travaille sur un rayon d’une vingtaine de kilomètre entre le Cap Sizun et le Pays Bigouden qui longent la Baie d’Audierne. Dans la poésie du lieu, je m’inspire des rencontres pour construire un récit de ces derniers kilomètres de terre avant l’océan, entre l’intime et le documentaire poétique, entremêlant les paysages, gestes et ambiances rurales et littorales, auxquelles s'ajoutent des réminiscences plus personnelles.
Ancré sur le long-court, ce travail est toujours en création. Il est soutenu par la bourse d'accompagnement des jeunes artistes plasticien·ne·s de la région Bretagne en partenariat avec Le Lieu de la Photographie à Lorient.

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